À travers un dialogue entre un danseur et un batteau, soutenu par un dispositif sonore, le Collectif Io chemine sur les traces de Zinédine Zidane, archétype du héros sportif, pour questionner la construction des mythes modernes, au fil de joutes rythmiques intenses.
Le 09 juillet 2006, lors de la finale du Mondial de football contre l’Italie, Zinédine Zidane, alors au sommet de sa carrière, se fait exclure du match suite à un coup de tête donné à un autre joueur. Ce geste irréductible inspire à l’écrivain Jean-Philippe Toussaint un court opus intitulé La Mélancolie de Zidane, qui transforme l’icône footballistique en un héros littéraire, sombre et ambigu. En adaptant librement ce texte, Thomas Nguyen s’empare à son tour de la figure archétypale de Zidane pour questionner le besoin de héros dans nos sociétés en mal de repères tout en effectuant un parallèle entre les limites physiques et mentales du sportif de haut niveau et celles du danseur et du musicien, amenés à toujours se surpasser.
Dans une dramaturgie qui s’appuie sur des interviews croisées de sportifs, de supporters, de chercheurs et de journalistes, le spectacle confronte la gestuelle et la puissance des mouvements du danseur à celles du batteur au fil d’une partition chorégraphique et rythmique intense. En contrepoint, la création sonore éclaire sur le processus de fabrication des idoles et la fascination qu’exercent les sportifs, devenus les héros de notre temps. Entre athlètes hors normes et icônes factices, représentatives d’un capitalisme outrancier, La Mélancolie de Zidane pointe les paradoxes de ces mythes sportifs et ce qu’ils nous disent de notre monde.
L’arrière-pays est un programme consacré à la musique de chambre du compositeur Thomas Nguyen. Il est le fruit d’une rencontre avec la harpiste Annabelle Jarre, qui créée les trois œuvres et pour qui le compositeur dédie son cycle de mélodies Les trois chants de la lune, pour trombone basse et harpe.
Les aspirations communes du compositeur et de la harpiste les conduit à imaginer ce projet, dont le nom fait directement référence au texte du poète Yves Bonnefoy. L’arrière-pays mental que partagent Thomas Nguyen et Annabelle Jarre est celui d’une nature préservée et bienveillante où, pour reprendre les termes du poète, « l’invisible et le proche se confondent ». Les trois œuvres musicales choisies appartiennent à cet ailleurs : le poème musical Quand tout sera blanc puise son inspiration dans la nature immaculée et gelée du Grand Nord plongée dans l’hiver, Les trois chants de la lune est une ode aux déesses inaccessibles des mythologies anciennes, représentant cet astre qui ne cesse de nous fasciner, le cycle de mélodies Au fil de l’eau est une invitation à la rêverie et à la méditation, dont la création s’inscrit dans un contexte où le réchauffement climatique pourrait progressivement nous soumettre à un stress hydrique.
Une carte du monde sur laquelle ne figure pas le pays de l’utopie ne mérite pas le moindre coup d’œil. Oscar Wilde
Xynthia, l’odyssée de l’eau, est un opéra écologique, librement inspiré du texte d’Ibsen, Un ennemi du peuple, pièce avant-gardiste écrite en 1883. Dans ce brûlot visionnaire, un médecin dénonce la contamination des eaux de sa ville. S’il parle publiquement, la station thermale sera économiquement ruinée. De chantages en pressions, de complots en mises en banc, l’homme devient l’ennemi à abattre de la collectivité. On est évidemment saisi par la modernité du propos d’Ibsen et sa prescience des problèmes écologiques. Alors que l’urgence climatique est aujourd’hui au cœur du débat politique, le Collectif Io s’empare de ce sujet sensible, sous la forme d’une création aux multiples échos. L’art lyrique y côtoie la danse et le théâtre, dans une forme d’art total.
À la croisée des langages, Xynthia déroule une histoire sur l’eau, le Cosmos et nous. Son titre fait directement référence à la déesse de la nature sauvage dans la mythologie grecque mais aussi à la tempête ayant frappé plusieurs pays en 2010. La dramaturgie entrelace ainsi l’adaptation de la pièce d’Ibsen à une odyssée de l’eau depuis ses origines cosmiques et un récit fragmentaire de la catastrophe consécutive à la tempête Xynthia. La mise en scène de Mikaël Serre et les performances de ses onze interprètes en font un opéra engagé, aussi percutant que poétique.
Contes 1, 2, 3, 4, est un conte musical composé par Thomas Nguyen, d’après le recueil éponyme d’Eugène Ionesco, écrit entre 1967 et 1971.
« Il arrive que le monde semble être vidé de toute expression, de tout contenu. Il arrive qu’on le regarde comme si l’on naissait à ce moment-là et alors il nous apparaît étonnant et inexplicable ». L’expérience de Ionesco n’est pas celle de l’absurde mais celle de l’étonnement et de l’interrogation : « L’étonnement d’être débouche tantôt sur l’inquiétude et l’angoisse, tantôt sur l’émerveillement ». C’est de cet émerveillement qu’il s’agit dans ses Contes 1, 2, 3, 4, où un père raconte à sa fille des histoires drôles et loufoques fondées sur la déraison. La partition musicale est composée pour un quintette à vent dans sa forme traditionnelle. Le choix de cette formation offre de nombreuses possibilités de couleur, d’association de timbres et de virtuosités. On y retrouve également les particularités de composition d’un conte musical.
Au fil de l’eau est une création mixte pour harpe, mezzo-soprano et casques. Il s’agit d’une sieste musicale et sonore. Le public est invité à prendre un casque et à s’installer confortablement. Puis l’environnement sonore de l’espace dans lequel l’auditeur se situe se métamorphose progressivement. Un voyage sur le thème de l’eau, inspiré par des poèmes de Maeterlinck, Apollinaire, Rimbaud, Verlaine, Queneau et Garcia Lorca, est alors proposé le temps d’une sieste, temps d’évasion, de contemplation et de rêverie…
À la croisée
entre le récit initiatique et l’ode à la nature, Quand
tout sera blanc est un voyage plein de poésie et de sensualité,
approchant avec une rare acuité l’intensité bouleversante des secrets et le
sérieux insondable des émotions enfantines. Il nous raconte l’histoire de la
jeune Gerda, partie à la recherche de son frère Kay, enlevé par la Reine
des Neiges, figure allégorique de l’Hiver. À travers le conte
d’Andersen, le spectacle nous interroge sur la question de l’absence, du deuil
et du passage à l’âge adulte.
La quête de Gerda nous plonge dans un voyage à travers les paysages du Grand Nord, paysages gelés et immaculés à la fois lieux d’émerveillement et de fantaisie, mais aussi d’angoisses et de terreur.
Le blanc agit sur notre âme comme un silence, un rien avant tout commencement.
Kandinsky
Puisqu’Alice et ses amies n’arrivent pas à répéter leur pièce de fin d’année, elles décident de se rendre au Rocher Suspendu, dont l’atmosphère mystérieuse les aidera à se concentrer. Mais l’une des lycéennes, Paula, disparaît, victime d’un étrange sort. Alice décide alors de partir à sa recherche et sa quête la conduira dans le Monde du Miroir, avec un lapin blanc pour guide…
Avec cette relecture très libre du célèbre texte de Lewis Carroll, Brigitte Macadré nous entraîne dans une course fantasmagorique sur les traces de l’enfance perdue, sur une musique de Thomas Nguyen. Dans un monde régi par les loi du non-sens, Alice se retrouve confrontée à de nombreuses épreuves où le réel se confond avec son double : un labyrinthe kafkaïen comme chemin initiatique, un échiquier symbolisant la prise de contrôle sur elle-même et une partie de cache-cache avec son enfance.
Les Contes à quatre mains sont des contes musicaux interprétés par Thomas Nguyen et Léo Perlot-Lhuillier. L’un joue du piano, l’autre raconte.
Ils se déclinent en différents
cycles et différentes formes selon le lieu de représentation et l’âge du
public. Ainsi vous pouvez y assister dans les écoles, les médiathèques, les
salles de spectacle autant que dans certains lieux du patrimoine.
Pour les enfants, le spectacle est interactif. Une pause à la « mi-temps » du spectacle permet aux plus jeunes une respiration et un échange avec les artistes. Ils découvrent pendant ce temps passé ensemble les secrets de la fabrication d’un conte musical.
Un violon virtuose face aux dangers de l’exil va devoir affronter l’improvisation et trouver des ressources pour survivre.
Origine du conte
Né d’une rencontre en 2012 au festival de musique classique Les Vacances de Monsieur Haydn, le conte puise sa source au cœur d’une discussion passionnée entre Néry Catineau et Sergey Malov, violoniste exceptionnel.
Quelles sont les différences fondamentales entre la musique écrite et la musique improvisée ?
Sergey est impressionné par l’improvisation et l’immédiate réponse instinctive dont doit faire preuve le musicien qui s’y essaye.
Je n’ai jamais joué autrement qu’en suivant des partitions; je voudrais savoir, et même, oser improviser lança-t-il aussi désespéré qu’un oiseau en cage.